Gestion des attentes de votre clientèle
Afin de gérer les attentes de votre client, vous devez lui donner une évaluation raisonnable de sa situation. Vous devriez aussi lui donner une explication de la portée de votre relation professionnelle et à quoi il peut s’attendre de vous. Le client doit pouvoir présumer que son avocat a les connaissances, les aptitudes et les capacités requises pour exercer le droit.
Le paragraphe 9 du commentaire sur la règle 3.1-2 du Code de déontologie prévoit qu’un avocat « doit faire attention de ne pas donner des assurances déraisonnables ou présomptueuses au client, surtout lorsque l’emploi ou le mandat de l’avocat peut en dépendre ». De même, selon le paragraphe 5 du commentaire sur la règle 3.1-2, l’avocat ne doit pas entreprendre un mandat ou exercer le droit dans un tel domaine sans être réellement convaincu qu’il a les connaissances et les compétences nécessaires pour répondre aux besoins du client. Selon ces règles, vous devriez évaluer d’un œil critique vos compétences et vos connaissances à la lumière de la situation juridique du client. Si vous êtes convaincu que vous avez les compétences requises pour représenter le client, prenez connaissance des faits, examinez ces faits en tenant compte de la loi et donnez au client des conseils avisés. Le client a le droit de s’attendre à ce que vous respectiez de telles normes et que vous vous comportiez de manière compétente et conforme à la déontologie. Pensez à la définition de compétence à la règle 3.1-1 du Code de déontologie avant de décider de prendre ou non un nouveau dossier.
Avant de conclure le contrat de services juridiques et pendant la période d’application du contrat, vous devez vous rendre compte de votre capacité et de vos obligations professionnelles ainsi que de toute attente du client qui est peu réaliste ou contraire à la déontologie. Vous serez peut-être obligé de dire au client, clairement et poliment, que vous ne pouvez pas faire ce qu’il veut. Il faut expliquer pourquoi un tel comportement n’est pas approprié et recommander au client des mesures à prendre. Il est important de se rendre compte :
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du moment où vous devez vous retirer du contrat de services juridiques (voir la règle 3.7-7 du Code de déontologie) ;
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du moment où vous avez le pouvoir discrétionnaire de vous retirer du contrat (voir la règle 3.7-2 du Code de déontologie) ;
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des lignes directrices qui prévoient la manière dont vous pouvez vous retirer (voir la règle 3.7-8 du Code de déontologie).
La gestion des attentes de votre client commence à la première réunion, mais ce n’est que le début. Il est important, surtout dans le cas de litiges, que le client comprenne qu’il faudra peut-être modifier plus tard les hypothèses et les stratégies pour tenir compte de l’évolution de la situation. Il est bon d’élaborer un plan en vue de répondre aux besoins de votre client, surtout dans le cas de litiges. Donnez à votre client des renseignements sur les procédures juridiques et le plan pour faire progresser sa cause. Il est sage d’établir un calendrier des activités (par ex. : entrevues, plaidoiries, interrogatoires préalables, discussions de conciliation, conférences préalables aux audiences, procès) et de le tenir à jour. Informer votre client des mesures que vous prendrez à chaque étape et de ce que vous vous attendez de sa part.
Si votre client a assumé certaines tâches, expliquer clairement ce dont vous avez besoin et donner des échéanciers. Vous devriez inscrire ces échéanciers dans votre calendrier afin de donner au client un avis qui lui permet de prendre les mesures nécessaires avant la date prévue. N’oubliez pas de prévoir le temps qu’il faut pendant les réunions avec le client pour bien expliquer les activités en cours et leurs objectifs.
Donnez à votre client des copies de tous les documents créés, et fournissez-leur des rapports intérimaires de façon périodique. Cela permet au client de se rendre compte des progrès de son dossier. Il est aussi bon d’envoyer des notes d’honoraires pour vos services de façon périodiques pour rappeler au client que vous travaillez à son dossier. Vous pouvez provoquer des conflits si vous envoyez une note finale au client lorsque son dossier est complet, sans l’avoir informé de vos progrès à l’égard de son dossier.
L’une des mesures les plus libératrices que peut prendre un avocat est d’apprendre à dire « je ne sais pas ». Contrairement à la croyance populaire, la plupart des clients ne s’attendent pas à ce que vous sachiez tout. La plupart des clients seront tout à fait satisfaits si vous leur dites que vous n’avez pas immédiatement une réponse à une question. Vous pouvez leur dire, par exemple, que vous ferez des recherches afin de leur donner une réponse claire et exacte et que vous communiquerez avec eux de manière opportune. Ainsi, vous convaincrez même les clients les plus cyniques que vous savez ce que vous faites, tout en réduisant la pression causée par la tentative de donner l’impression que vous savez tout. Cela permet aussi de créer un milieu de travail plus agréable.